L’étape des 6 mois, dans toute crise prolongée, est toujours difficile. On s’est tous habitué à cette « nouvelle norme », mais il se peut qu’on se sente vidé de notre énergie. Et pourtant, au mieux, on est au tiers du marathon. Comment fait-on pour continuer ?

Tout d’abord, dans mon expérience, c’est tout à fait normal d’être en difficulté à cette période. Je rencontre *toujours* un mur au bout de 6 mois de déploiement dans une zone sinistrée. Le désir de « s’enfuir » ou « que ça s’arrête » est intense. J’ai fait ça plein de fois.

Ça arrive comme une horloge. Cette fois, la crise est globale et on ne peut s’enfuir nulle part. Ça va aller.

J’ai déjà dû traverser cette période des 6 mois et il y a de la vie de l’autre côté.

Pour l’instant on a l’impression d’être dans un tunnel long et noir.

Mais ça ne sera pas éternel. Au contraire, c’est notre prochaine phase d’adaptation majeure.

On a déjà réappris à faire les courses, à tenir des réunions, et même enseigner. On a trouvé de nouvelles façons d’être heureux et de s’amuser. Mais quand les jours deviennent plus courts et plus froids, on va devoir innover de nouveau.

C’est ma 1ère pandémie, mais pas mon 1e mur des 6 mois. Alors, que puis-je partager pour vous aider ?

Tout d’abord, le mur est réel et normal. Et franchement, vous précipiter dedans la tête la 1ère ne sert à rien.

Il va disparaître naturellement d’ici 4 à 6 semaines si vous l’évitez.

Bien sûr, il y a tout ce qu’on doit faire. Travailler. Enseigner. Cuisiner. Faire de l’exercice. Mais ne vous attendez pas à être super heureux ou créatif au milieu de votre mur. Là tout de suite si vous arrivez à remplir vos obligations et à être aimable avec vos proches, vous avez 20/20.

Par ailleurs, ne craignez pas que votre bonheur ou votre créativité soient parties pour le reste du marathon. C’est faux. Je vous assure que ça va s’améliorer et que vous allez retrouver la forme. Mais pour l’instant, faites avec.

Attaquez vous à des projets moins ambitieux, lisez un roman. Téléchargez cette appli de méditation.

Franchement, même si on ne peut pas physiquement quitter cette zone sinistrée, essayez de vous fabriquer une « zone de répit » mentale ou symbolique. De courtes échappées mentales offrent du répit et de la distance de la lutte quotidienne. Prenez plus de « répit mental ». Jusqu’à ce que le mur s’éloigne.

Dans mon expérience, ce mur des 6 mois arrive et repart comme une horloge. Alors je ne le combat plus. Je ne culpabilise pas dessus. Je sais juste qu’il va arriver et j’ai confiance : il va passer.

Pendant ce temps j’essaie de maintenir ma santé mentale et émotionnelle. On a navigué dans un affreux désastre global depuis 6 mois, avec courage et ingéniosité. On a déjà trouvé de nouvelles façons de vivre, d’aimer et d’être heureux dans ces conditions difficiles.

Un miracle et une merveille. C’est une preuve solide qu’on a les capacités de continuer. Alors, chers amis, ne désespérez pas devant le mur des 6 mois. Il n’est pas permanent et il ne vous définit pas dans cette période d’adversité. La magie qui vous a aidé à traverser la 1ère phase est toujours là, sachez-le.

Respirez et faites une pause. Vous allez arriver de l’autre côté.

Traduit de l’anglais (texte du Dr Aisha Ahmad – professeur canadienne en sécurité internationale)